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Dernière mise à jour du site : 27 juillet 2009

Histoire de la RUA

Le bâtiment C vu depuis l'une de ses chambres.La Résidence universitaire Jean Zay est l'un des plus grands ensembles de logements sociaux étudiants en Europe. Elle est située sur la commune d'Antony, dans le département des Hauts-de-Seine.

1 Etude et construction : 1945 - 1955
2 Premiers heurts : 1956 - 1965
2.1 Hausse des loyers
2.2 Réadmissions
2.3 Réaménagement forcé
2.4 Changement de gestionnaire
3 Durcissement des luttes face à la lente dégradation des conditions de vie en résidence
4 Une résidence au futur incertain

1. Etude et construction : 1945 - 1955

L'étude de la construction d'une Résidence Universitaire à Antony est envisagée en 1945, à la demande du Ministère de l'Education. Une convention est signée le 7 mai 1952 entre l'Université de Paris et l'Office Public des Habitations à Loyer Modéré du Département de la Seine en vue de la construction de la future Résidence Universitaire d’Antony. L’office départemental HLM de la Seine construit la résidence, le CROUS de Paris en devenant à terme (en 2019) le propriétaire. La première tranche des travaux débute le 12 avril 1954 ; le maître d'œuvre en est Eugène Beaudouin.

Entre temps, un appel d’offre est lancé pour l’ameublement de la résidence. Jean Prouvé y participe avec l’appui de l’Union des Artistes Modernes ; coopérant avec Charlotte Perriand, il obtient la commande de mobilier pour les salles communes, les restaurants et une partie des chambres. Ses réalisations – bibliothèques, chaises, lits « Antony », bureaux « Compas » – sont exemplaires et figurent aujourd’hui parmi les meubles les plus côtés du XXe siècle (une édition originale de la chaise « Antony » s’évalue autour de 40 000 €, tandis qu’une bibliothèque peut valoir jusqu’à 160 000 € !) Une commande spéciale de luminaires pour les chambres et le réfectoire est également passée à Serge Mouille.

En 1955, Pierre Mendès France, alors chef du gouvernement, visite le chantier de construction de la future Résidence Universitaire, qui prend le nom de Jean Zay, ancien ministre de l’Education Nationale sous le Front Populaire, résistant exécuté en 1944. La Résidence Universitaire Jean Zay d'Antony "cité modèle" ouvre le 1er décembre de la même année. En plus des 1580 chambres individuelles (dont 1040 chambres pour garçons et 540 chambres pour filles) et 490 appartements, de nombreux espaces communs sont mis en place (une bibliothèque, une salle de spectacle, un complexe sportif, des salles de travail animées par les Groupes d’Etudes). Les bâtiments s’étendent sur 10 hectares entre le centre-ville d’Antony et le parc de Sceaux.

Le 1er février 1956, 150 premiers étudiants sont logés à la R.U.A.. Lionel Jospin y est admis au printemps ; Il y reste jusqu'en 1959. L'A.E.R.U.A. (Association des étudiants de la Résidence Universitaire d'Antony) est crée en 1957. Claude Allègre y occupe en 1959 le poste de délégué social, Gérard Saint-Paul celui de délégué à l'information en 1961. La résidence accueille des étudiants du monde entier. Au plus fort de son activité, elle compte 3 crèches, une école, une supérette, et 50 nationalités différentes.

Vue du bâtiment A et d'une partie du restaurant universitaire depuis le dernier étage du bâtiment B, en 1972.
Le restaurant universitaire de la résidence durant le service, en 1972.

2 Premiers heurts : 1956 - 1965

2.1 Hausse des loyers
Une première hausse des loyers en 1959 déclenche une grève suivie par 80 à 90% des étudiants. En 1962, le loyer d'une chambre pour célibataire s'élève à 55 anciens francs. Une deuxième hausse des loyers en novembre 1963 entraine de nouveau une grève, qui prend un caractère national et donne ainsi naissance à la Fédération des Résidences Universitaires de France (F.R.U.F.), marquant également le début de la régionalisation des loyers. Depuis 1959, les loyers ont augmenté de 56% pour les célibataires et 50% pour les ménages.

2.2 Réadmissions

Très vite se pose le problème du départ des premiers étudiants arrivés en 1956, forcés de se reloger en vertu du règlement limitant à 3 ans le séjour à la R.U.A. : l'A.E.R.U.A. obtient le droit à une quatrième année, puis le 22 juin 1960 une pétition est signée contre le Règlement Intérieur (1398 signatures). L'A.E.R.U.A. obtient finalement de l'administration que la réadmission se fasse jusqu'à la fin des études. Malgré cela, en juin 1964, l'administration revient sur sa décision de 1960 concernant les réadmissions en tentant d'expulser 400 résidants. Le 16 juillet, ces étudiants sont avisés de leur non-réadmission par une lettre-circulaire. Le 22 septembre, le Maire d'Antony, Georges Suant, s'étonne de l'expulsion massive de jeunes ménages et prend ainsi le parti des résidants.

2.3 Réaménagement forcé

Au début de la même année, 600 millions de francs de crédits sont débloqués pour le réaménagement de la résidence. De juin à septembre 1964, des travaux sont engagés au niveau du Restaurant Universitaire afin de rendre la salle plus calme, de l'isoler des cuisines et de transformer le hall en cafétéria de 500 places. Les galeries supérieures sont reconverties en réserves pour la bibliothèque et en bureaux pour le service culturel. Les possibilités d'accès au restaurant par l'intérieur des bâtiments ont été supprimées, ce qui a pour effet de restreindre l’espace des sociabilités estudiantines. Des réactions militantes se développent face à ce qui est perçu comme une volonté de contrôle des étudiants : « Tous ces travaux n'ont qu'un but, commentent l'A.E.R.U.A. et le journal Tribune socialiste (n° 10) : donner les moyens à l'administration d'empêcher les étudiants de se rencontrer, se grouper, s'informer, s'organiser sur le plan syndical, pouvoir manifester leur opposition, comme ils l'ont toujours fait, à la continuelle dégradation de leur niveau de vie, en particulier en organisant d'importantes grèves des loyers ». Et les auteurs de l'article de mettre en garde contre des projets de cloisonnement de tous les bâtiments, visant, selon eux, à contrôler les entrées, les sorties et les visites des résidants.

2.4 Changement de gestionnaire

En mai 1964, l'Université de Paris renonce sans aucune contrepartie à l'ensemble des droits et obligations résultant de la convention passée le 7 mai 1952, au profit du CROUS de Versailles.

L'ancien Règlement Intérieur est remis en vigueur en 1965 (contrôle des activités collectives des résidants; séjour en Cité U limité à 3 ans malgré la quatrième année obtenue en 1959). A ces fins, de nouvelles loges doivent être construites dans tous les bâtiments, et les communications intérieures entre chaque bâtiment doivent être supprimées, tous étant reliés, à l'exception du G et du H. Alors que la première loge du bâtiment A (pavillon des jeunes filles) est en chantier, l'administration voulant ainsi - par souci de moralité - empêcher les garçons de s'y rendre, des étudiants occupent le site pour s'y opposer. Une grève est organisée au Restaurant, suivie d'une manifestation dans Antony le 30 janvier 1965) pour alerter les élus et notamment le Maire, M. Suant. Une pétition rassemble 1500 signatures contre les nouvelles loges, les murs, la hausse des loyers, la réinstauration de l'ancien Règlement Intérieur, la restriction des libertés collectives et individuelles. Le 16 octobre 1965, 8 étudiants de la Résidence Universitaire d'Antony sont traduits devant le Conseil de Discipline des Résidences Universitaires, en raison de leur activité syndicale et de leur opposition à la construction de la loge du bâtiment A.

En décembre 1955, un nouveau Directeur est nommé à la tête de la R.U.A.: Monsieur Jacques Balland, 35 ans, ancien président de l'UNEF. Le Ministre de l'Education Nationale, Christian Fouchet, lui demande explicitement de s'attaquer au monopole du Parti Communiste sur la résidence. Le 5 décembre 1966, le PCF est mis pour la première fois en échec depuis dix ans aux élections syndicales de la résidence. Il perd la majorité absolue et passe de 56 sièges sur 62 à 28.

3 Durcissement des luttes face à la lente dégradation des conditions de vie en résidence

Après 3 années de lutte, la mixité est finalement obtenue dans chaque bâtiment en 1967. La Résidence Universitaire d’Antony est réputée être un « point chaud » de la lutte estudiantine qui a germé quelques semaines plus tôt sur le campus de Nanterre. Certains ont ainsi vu dans le soutien apporté par les étudiants de la Résidence Universitaire quelques années plus tôt aux mineurs en grève les prémisses des mouvements revendicatifs unitaires (étudiants-travailleurs) de mai 68…

En 1970, le processus de la hausse des loyers reprend ; de nouveau, une grève massive des résidants est entreprise. En 1972, le loyer d'une chambre individuelle s'élève à 118 francs. Pour protester contre la hausse subite (sur décision ministérielle de Jean-Pierre Soisson) de 25% de leurs loyers, les étudiants occupent les locaux administratifs et sont évacués par la police en novembre 1974. La F.R.U.F. (Fédération des Résidences Universitaires de France, dont le siège social est à Antony) lance une grève des loyers. Plus de 30 résidences universitaires (soit 6000 étudiants) la suivront et payeront à la F.R.U.F. leur loyer à l'ancien tarif.

En 1971, des commissions de sécurité visitent la résidence et exigent une mise en conformité aux normes en vigueur. Trois ans plus tard, 20 millions de francs sont investis à cet effet, entraînant des fermetures provisoires de bâtiments entiers : travaux au C en novembre 1973, au A en mai 1974, au H en octobre 1974. En décembre 1974, Gilbert Balta, Directeur de la résidence, est séquestré pendant trois heures et pour la seconde fois. Sept cars de police interviennent pour le délivrer. Les « maos d'Antony » protestaient ainsi contre les expulsions « sous prétexte de réfection des bâtiments » et obtiennent ainsi non seulement le rétablissement immédiat de la crèche, mais aussi le chauffage sur d'autres pavillons et du matériel demandé depuis plus de cinq ans.

3.1 L’acharnement de la presse

Selon Le Figaro, il y aurait eu pas moins de 12 viols en un mois ; mais le journal remarque qu'il n'y en a eu aucun en 1974. Monsieur Fohr, Directeur du CROUS, s’explique dans un article du Nouvel Observateur (« Les 'bas-fonds' d'Antony », 30 décembre 1974): « A la rentrée d'octobre 1973, sept viols ont été commis, tous par la même personne, qui a été arrêtée au bout de trois jours ! »

Le 10 décembre 1974, le Maire d'Antony, Georges Suant, déclare que « la Cité n'a d'universitaire que le nom », « qu'on y est en état d'insécurité permanente » et qu'on s'y drogue, s'y viole et s'y prostitue... Il l'accuse en outre de « peser » considérablement sur la commune. Jean-Pierre Soisson, Secrétaire d'État aux Universités déclare : « Nous ne ferons plus de campus universitaires comme celui d'Antony […] Tous les dossiers des résidants seront examinés, et nous sommes prêts à 'vider' la moitié de la Résidence Universitaire d'Antony s'il le fallait ». Une campagne de presse extrêmement virulente s'en suit.

Libération affirme le 18-19 mars : « Le maire d'Antony offre 43 millions de francs pour racheter 2,4 hectares et abattre les bâtiments C, E et F » de la résidence, qui selon lui « montre ses fesses » à la ville. Un entretien avec le maire d'Antony paraît dans le Figaroscope du 8 novembre, qui justifie la nécessaire disparition de la Cité U, sur « un site exceptionnel ». Dans le texte introductif, le journaliste écrit : « La résidence universitaire, que fréquenteraient d'ailleurs fort peu d'étudiants... ».

Les étudiants nient leur responsabilité dans la dégradation des conditions de vie, ils dénoncent plutôt le manque de moyens attribués à la résidence, la diminution de moitié du personnel et la hausse des loyers de 300% en dix ans. Les crèches ferment peu à peu et aucune rénovation d’envergure n’est engagée.

En 1974, la majorité et le droit de vote sont fixés à 18 ans : 83 % des étudiants de la R.U.A. votent pour François Mitterrand au second tour des élections présidentielles au bureau de vote de la résidence.

Un cas de tuberculose est découvert en 1997, mais camouflé par la direction du CROUS ; Des chambres sont classées insalubres par la DDASS, et sont condamnées. Malgré cela bon nombre d’étudiants vivent dans des conditions d’hygiène déplorables, la résidence restant dans un état de délabrement avancé. Coût estimé de la rénovation : 40 millions d’euros. Avec ses 2 500 chambres, la résidence universitaire d’Antony représente pourtant un quart du logement social étudiant en Ile-de-France.

En 2000 les quelques chaises, tables et lits designés par Jean Prouvé et qui n’ont pas déjà été dispersés sont mis en sécurité dans un hall, avant d’être malencontreusement dérobés.

Plan de la résidence universitaire Jean Zay en 1972.

4. Une résidence au futur incertain

Selon les informations du Comité des riverains, les résidants apprennent dès 1972 que la future autoroute A86 frôlerait la cité et qu'au passage, deux pavillons seraient menacés de destruction, là où des travaux étaient prévus au restaurant et au bâtiment B. 500 000 francs sont d’ailleurs nécessaires pour remplacer la chaudière du bâtiment B (environ 350 chambres) tombée en panne en décembre 1974. Le bâtiment B est donc fermé en 1975 pour « réparation ». Les étudiants évacuent les lieux mais ne sont pas relogés, ni par le CROUS, ni par la mairie. Le bâtiment est abandonné aux squatters.

Apres onze années passées à l’abandon, le bâtiment B est finalement vendu à la mairie d'Antony en 1986. Cette dernière est passée aux mains du RPR / UMP Patrick Devedjian en 1983. Le 28 février, le Conseil municipal d'Antony statue sur l'aménagement de cette assiette foncière : Les 9570 m2 sont achetés 7 millions de francs. Les locaux sont détruits en août, bientôt remplacé par les chantiers de la sous-préfecture, du commissariat de police et un ensemble de bureaux, inaugurés en 1990. En 1988, des négociations sont à nouveau engagées entre le CROUS et la mairie pour la vente du bâtiment C. Le Ministère de l'Education Nationale s'y oppose ; à la place, un décret est signé en juillet par le nouveau ministre, Lionel Jospin, qui oblige le Conseil d'Administration du CROUS a engager un plan de réhabilitation de la Résidence. Les travaux débutent en juillet 1990 (architecte M. Granveaud), commencent par le ravalement des façades puis la pose des fenêtres en PVC. 70 millions de francs sont investis jusqu'en 1995.

Recherchant des fonds, le CROUS engage en décembre 1994 des négociations pour vendre le bâtiment G, qui accueille couples et enfants. Les domaines évaluent la valeur des terrains et bâtiments correspondants à 43 Millions de francs. La mairie d'Antony fixe à 20 millions de Francs le montant maximal qu'elle est prête à investir pour ledit emplacement. Les négociations sont suspendues. Patrick Devedjian, maire d’Antony, tente alors un coup de force. En octobre 1995, il propose à l'Office Public des H.L.M. des Hauts-de-Seine de lui cèder les droits qu’il possède sur la totalité de la résidence pour seulement 6 millions de francs… sans en avertir le CROUS qui contesta cet accord et se porta à son tour acquéreur... Le soir du 24 novembre, lorsque le Conseil municipal d'Antony confirma cet accord, les étudiants décident d'occuper le restaurant universitaire de la Résidence, et y restent pendant près d’un mois. La mobilisation des étudiants leur permet de rencontrer le rectorat puis le ministre de l’Education Nationale, François Bayrou qui décide un moratoire sur tout projet pendant cinq ans.

En septembre 2002, la ville d’Antony demande à la Sem 92 une étude de faisabilité de démolition « partielle » de la résidence avec cession du foncier. Alertés par l’opposition municipale, les étudiants se mobilisent, créent un collectif, envahissent le conseil municipal et obtiennent des rendez-vous avec le Maire d’Antony (Raymond Sibille) et le Directeur du CROUS de Versailles (Jean-François Dauriac). Le maire d’Antony comprend l’inquiétude des étudiants mais maintient que la ville ne peut rien faire sans l’accord du CROUS, qui se réfugie derrière un simple rôle de gestionnaire.

L’article 66 de la loi de décentralisation (août 2004) :

C’est le moment que choisit Patrick Devedjian, qui cumule les postes de ministre délégué aux Libertés locales et président de l’agglomération de communes, pour créer un amendement sur mesure à la loi de décentralisation. « Les communes et établissements publics de coopération intercommunale qui en font la demande ont la charge de la construction, destruction, reconstruction et de l’extension des locaux destinés aux étudiants. » Le 15 décembre 2004, la communauté d’agglomération des hauts de Bièvre présidée par Patrick Devedjian demande le transfert de compétence prévu par l’article 66 de la loi de décentralisation. Cela entraîne un transfert gratuit des biens appartenant à l’État, rendant à terme la communauté d’agglomération propriétaire des terrains.

Mais la Résidence Jean Zay est propriété du CROUS (Etablissement public) et non de l’État au sens strict. Il est donc impossible à la communauté d'agglomération des Hauts-de-Bièvre de récupérer la RUA.

En janvier 2005, le collectif des résidants est recréé, les anciens de 2002 viennent prêter mains forte aux nouveaux arrivés pour empêcher une destruction sans cesse remise à l’ordre du jour, et qui irait à l’encontre des besoins pourtant criants des étudiants d’Ile de France en matière de logement.

Article écrit par Gwenaëlle BORDET-KERHARO sur le site de Wikipédia : après une maîtrise d'Histoire de l'Art soutenue à l'Université Paris I. "La résidence universitaire "Jean Zay" d'Antony de 1945 à 2003 (Eugène Beaudoin, architecte)". Pour en savoir plus :

Date Nature Titre Auteur Voir
2003 Mémoire

La Résidence Universitaire "Jean Zay" d'Antony de 1945 à 2003. (Eugène Beaudouin, architecte)
Mémoire de maîtrise UNIVERSITE PARIS I PANTHEON-SORBONNE - UFR Histoire de l'art et archéologie

Merci à Gwenaëlle Bordet qui a accepté de mettre en ligne sur le site des amis de la RUA un travail que nous estimons remarquable. Ce travail contriburera à défendre cette résidence universitaire souvent mal aimée car mal connue.

Gwenaëlle BORDET-KERHARO lien


Actuellement

Si l’on a pu regretter que les autorités universitaires (Ministère, CROUS) ne jouent pas toujours mieux leur rôle pour l’entretien et la modernisation de la cité, c’est avec l’arrivée de P. Devedjian à la tête de la Ville que les menaces se sont précisées :

1986 : Fermé pour «travaux» (jamais réalisés), le bâtiment B, laissé volontairement à l‘ abandon, malgré un projet de rénovation, sera détruit pour céder la place à la Sous- Préfecture et à un centre d'affaires.

1989 : la majorité municipale de droite fait voter une ZAC sur le bâtiment C pour le détruire à son tour mais la mobilisation est forte et l'opération est cette fois bloquée par le CROUS et l’Etat, qui engagent des travaux sur la plupart des bâtiments, à l’initiative du Ministre de l’Education.

1995 : les attaques se multiplient contre les crèches et le bâtiment G est cette fois dans le collimateur. Une nouvelle mobilisation et plusieurs semaines d’occupation du restaurant universitaire empêcheront la casse et la municipalité devra renoncer à son projet. Le Recteur de Versailles, en liaison avec le Crous annonce à la presse en Juillet 96 un moratoire de … 5 ans.

2002 : en septembre, la droite munici- pale exige du Conseil qu’il vote en ur- gence une Convention avec le CROUS pour permettre à la SEM 92 (structure du Conseil Général du 92) de réaliser une étude intégrant la «démolition partielle de la résidence». Les élus d’opposition protestent, des élus nationaux interviennent, le dossier « urgent » traîne en longueur, jusqu’à l’été 2004.

Notre inquiétude début 2005 et Aujourd'hui

Un joker de P. Devedjian pour étouffer la RUA, l’art. 66 de la loi « relative aux libertés et responsabilités locales » qu’il a fait voter en tant que ministre en Août 2004.

Extrait : « Les biens appartenant à l'Etat et affectés au logement des étudiants sont transférés (..) aux communes ou aux établissements publics de coopération intercommunale qui ont demandé à assumer la charge de la construction, de la reconstruction, de l'extension, des grosses réparations et de l'équipement des locaux destinés au loge- ment des étudiants. Ce transfert se fait à titre gratuit ... »

Dès le 15 décembre 2004, avant la publication des décrets d’application de la loi la communauté d’agglomération (CAHB) alors présidée par P. Devedjian votait la demande de transfert et celui-ci confirmait sa volonté de détruire une partie de la RUA. L’opération semble en échec, la résidence universitaire Jean Zay n’étant pas un bien de l’État, mais nous devons rester vigilants :

- le projet de Plan local de l’urbanisme qui vient d’être publié comporte des zones floues sur le site.

- une réhabilitation/rénovation de la RUA est nécessaire et il faudra en trouver la volonté et les financements Des menaces graves et des mauvais coups planifiés

2006

En 2006, Patrick Devedjian décide une fois encore de mobiliser l'appareil d'Etat contre la Résidence. L'objectif est de préciser l'article de loi qu'il s'était construit. Il mandate des amis sénateurs et en mars 2006 un amendement est glissé dans une loi sur la fonction publique territoriale (sans rapport direct avec la RUA). En octobre 2006, lorsque l'Assemblée Nationale examine le nouveau le projet de loi où figure l'amendement Devedjian, il est fait expressément référence à la RUA. Communication "Citoyens à Antony"

Cet article, introduit par le Sénat à l'initiative de Roger Karoutchi, prévoit que l'Etat peut transférer aux collectivités territoriales les résidences universitaires relevant d'un établissement public, ce qui n'était pas possible avec la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales. A l'époque Patrick Devedjian pensait que la RUA appartenait à l'Etat. Après vérification, il s'est apperçu que ce n'était pas le cas ! Il est obligé, en 2006 et avec l'aide de ses amis politiques, de glisser un correctif dans la loi relatif à la fonction publique territoriale, loi qui là encore n'a rien a voir avec la RUA.

Extrait du rapport de la commission des lois de l'Assemblée Nationale sur le projet de loi relatif à la fonction publique territoriale : Article 38 (article L. 822-1 du code de l'éducation) Possibilité de transférer gratuitement les logements universitaires relevant d'un établissement public.

2007

Par jugement du 14 juin 2007, le Tribunal Administratif de Versailles (saisie par le groupe d'opposition Citoyens à Antony) a annulé la délibération du Conseil communautaire du 15 décembre 2004 déclarant d'intérêt communautaire le logement étudiant, les aides à la pierre et les aides en faveur de la rénovation urbaine. Le juge administratif a considéré que les dispositions de l'article 66 de la loi du 13 août 2004 relative aux libertés et responsabilités locales ne pouvaient entrer en vigueur avant publication d'un décret d'application et qu'en outre, ces dispositions ne concernaient à cette date que les résidences universitaires appartenant à l'Etat or la RUA appartient au CROUS de Versailles, établissement public.

Le 12 octobre 2007, la Communauté d'Agglomération des Hauts-de-Bièvre (CAHB) vote le transfert de compétence pour la gestion de la RUA par la communauté d'agglomération : "Le contexte législatif et réglementaire ayant depuis évolué, puisque le décret d'application a été publié le 14 janvier 2006 et que l'application de l'article 66 a été étendue aux biens affectés au logement des étudiants appartenant à des établissements publics, il est proposé de déclarer d'intérêt communautaire les mêmes éléments puisqu'ils sont en cohérence avec les objectifs du Programme local de l'habitat des Hauts-de-Bièvre adopté le 29 juin dernier." Reprise de la délibération déclarant d'intérêt communautaire le logement étudiant. En théorie, la RUA est passée du giron du Crous de Versailles à la communauté regroupant 7 communes dont Antony. Mais l'opposition de gauche a déposé un recours en Préfecture. Le transfert est actuellement suspendu.

Les étudiants et l'AARUA manisfestent leur opposition à ce transfert. Ce que la Communauté d'Agglomération se garde bien de dévoiler c'est qu'elle pourra choisir ses étudiants, détruire tout ou partie du site d'Antony, s'emparer d'un patrimoine immobilier unique (10 ha) et favoriser les bailleurs privés... au détriment du logement social étudiant.

Pour la Droite au pouvoir, "il est donc impossible aux collectivités territoriales, de mener des travaux de réhabilitation de ces immeubles, et ce au détriment des étudiants qui y résident", Extrait du rapport de la commission des lois de l'Assemblée Nationale sur le projet de loi à la fonction publique territoriale (2006). Pour Jean-Yves Sénant, cela passe par la destruction des chambres existantes. Bravo ! Pour reconstruire plus grand ? On peut toujours y croire. Avec quel budget ? quel programme ? Pas un mot dans le Plan Local d'Urbanisme de la ville proposé en 2006.

19 décembre 2007: La région Ile de France (sur proposition de Pascale Le Néouannic) prend l'initiative de voter 2 millions d'euros au budget 2008 pour commencer à réhabiliter la RUA. L'Etat, le département et la ville d'Antony sont invités à emboîter le pas pour que la RUA redevienne comme en 1955 une résidence modèle. Communiqué de la Région IDF.

Première résidence universitaire de France, le site d’Antony regroupe plus de 2 000 chambres sur les 13 000 environ que comptent les académies d’Ile-de-France. L’état de ses bâtiments est dans une situation déplorable et leur rénovation revêt un caractère d’urgence incontestable. Alors que la Région avait mobilisé des crédits dans le cadre du Contrat de Plan 2000-2006, aucune réhabilitation n’a pu être engagée, en raison de l’absence de mobilisation des autres partenaires. Cette situation conduit la Région à s’engager, à titre exceptionnel, dans cette opération, à hauteur de 2M€ pour 2008.

Pour Jean-Paul Huchon, président de la Région, et Jean-Luc Laurent, vice-président chargé du logement, cette décision politique s’accompagne d’une demande de mise en place rapide d’un plan de financement global de la résidence universitaire d’Antony (associant Etat, collectivités locales et CROUS) comme le réclament depuis de nombreuses années les organisations étudiantes et les élus de gauche d’Antony.

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