Accueil | Nous contacter | Plan du site

Actualités | RUA | Documents | Historique | Association

Aujourd'hui | Vie de la résidence | Visite guidée | Architecture | Logement social étudiant
Dernière mise à jour du site : 25 juin 2006

Visite guidée de la RUA
Vitrine de l'art de bâtir des années 50

Télécharger aussi le dépliant photos "L'art de bâtir" (1,84 Mo)

        

Une visite guidée (organisée le 3 juin dernier par l'association des Amis de la RUA) de la Résidence Universitaire d'Antony et son architecture : quelle curieuse idée. Des bâtiments d'une autre époque, sales et défraîchis que la plupart des Antoniens connaissent sans y prêter plus d'attention.

Et pourtant une trentaine de visiteurs sont là, curieux. Notre guide, Yvon Mutrel, est l'un des 15 artistes de la résidence qui abrite des ateliers. Un nouvel espace d'exposition d'art contemporain, l'Espace Eugène Beaudoin, a même été créé en mars dernier à la place de l'ancienne école maternelle dans le bâtiment F.

La visite commence. Les premières résidences universitaires ont été construites après la Première Guerre mondiale. Un effort plus soutenu est entrepris dans les années 30 et notamment par le ministre de l'Education du Front Populaire, Jean Zay.

           

Au cours des années 50-60, du fait de la massification de l'enseignement supérieur et de l'arrivée de classes sociales plus défavorisées à l'Université, un programme de construction ambitieux de logements de 10 m2 est élaboré : la première pierre de la Résidence Universitaire est posée le 12 avril 1954. La résidence sera nommée Jean Zay en hommage au ministre et résistant exécuté en 1944.

2 500 logements étudiants vont sortir de terre sur un terrain de 10 hectares, une des plus grande résidence d'Europe. Après guerre, le pays manque de tout et peine à se reconstruire. Comment un tel programme a-t-il été possible ? Pourquoi aujourd'hui un pays riche ne peut pas rénover ce patrimoine ?

L'office départemental HLM de la Seine construit la résidence, le Crous de Paris au départ puis le Crous de Versailles ensuite est le gestionnaire pour en devenir propriétaire en 2019. Le maître d'ouvrage fait appel à un architecte réputé, Eugène Beaudoin (1898 - 1983), grand prix de Rome en 1928. Il doit répondre à un cahier des charges où les objectifs sont non seulement de loger les étudiants mais aussi de favoriser la réussite de leurs études.

Les espaces de vie collective sont installés aux rez-de-chaussée des bâtiments avec une bibliothèque, des salles de travail animées par les Groupes d'Etudes, une salle de spectacle, un complexe sportif, une cantine et une cafétéria sur place, un centre médical, plusieurs crèches, une école, une supérette, une église en face du bâtiment D.

                       

Une cité modèle. Les chambres sont aux étages : 1040 pour les garçons, 540 pour les filles, 490 appartements pour les couples. Et même 20 chambres pour étudiants handicapés, en 1955 ! L'administration jugera plus tard trop moderne les accès libres entre bâtiments, entre les filles et les garçons. Passages qu'elle fera murer.

Un appel d'offre est lancé pour l'ameublement de la résidence. Jean Prouvé y participe avec l'appui de l'Union des Artistes Modernes. Coopérant avec Charlotte Perriand, il obtient la commande de mobilier pour les salles communes, les restaurants et une partie des chambres. Ses réalisations - bibliothèques, chaises, lits " Antony ", bureaux " Compas " - sont exemplaires et figurent aujourd'hui parmi les meubles les plus côtés du 20ème siècle.


Pour construire de façon économique, Eugène Beaudoin améliore les techniques industrielles d'habitations collectives. Une maison test, en face du bâtiment G, permet d'expérimenter les techniques, les matériaux, les couleurs.
Comment ne pas remplir tout le terrain et conserver un parc de verdure qui épouse la pente du terrain ? En mettant, les bâtiments en périphérie du terrain et avec quelques étages de plus. Comment ensuite apporter de la légèreté à l'ensemble ? Comment rompre la monotonie des fenêtres qui s'alignent à l'horizontale ?
Comment créer une œuvre architecturale en jouant sur la composition des lignes et des proportions ? Notre guide nous invite à ouvrir les yeux, à regarder ce qui pourrait ressembler à un tableau contemporain, à regarder au-delà des apparences, à regarder la beauté derrière la poussière. Il est difficile ensuite de décrire la composition d'ensemble.

      

Prenons le bâtiment D de face côté jardin : nous avons 2 niveaux avec des ouvertures verticales, en opposition avec les 3/4 niveaux composés de bandes verticales, les fenêtres, en alternance avec des bandes blanches coupées de balcon. Les perspectives sont pures, harmonieuses. Remarquez la rupture du dernier étage supplémentaire au milieu du bâtiment. Une virgule architecturale avec des lignes qui atténuent le décrochement. Observez le passage vers la rue. Il est sur 2 niveaux. Cela donne une légèreté. Le regard n'est pas écrasé par le plafond. Chaque bâtiment, de la lettre A jusqu'à la lettre H (excepté le B qui a disparu) est différent tout en faisant partie de l'ensemble. Les escaliers sont des bandes verticales. Les extrémités des bâtiments sont souvent avec un carré en relief rouge bordeaux. Rien n'est banal. Tout est intelligence et création. Il faut observer et passer du temps pour retrouver le sens des intentions de l'architecte. La visite est terminée. Nous reviendrons pour la découvrir plus encore.